LE TRAMWAY DE LA DRÔME

Entete gauche Entete droite

VALENCE - CREST

Ouverture de la ligne le 5 novembre 1906 -

Fermeture le 1er octobre 1934.

Arrêts : VALENCE P.L.M. - GARE VOYAGEURS - PLACE DE LA REPUBLIQUE - LES MARTINS - MALISSARD - BEAUMONT LES VALENCE - MONTELEGER - MONTMEYRAN - UPIE - VAUNAVEYS - LA ROCHETTE - CREST.

Cette ligne avait une longueur de 27 Kms.

Le tramway de Crest à Valence, devait, à l'origine s'arrêter à Upie… C'est ce qu'avait décidé le Conseil Général de la Drôme, réuni sous la présidence d'Emile Loubet, le 22 août 1894.

Cette décision s'explique sans doute par le fait que la ville de Crest était déjà desservie par le chemin de fer du P.L.M.

La réaction de la municipalité de Crest, si elle a été longue à se manifester, n'en a pas été pour le moins vigoureuse et en tout cas efficace, puisque la demande prolongement jusqu'à Crest, présentée le 26 août 1899, a été acceptée.

Réuni le 21 avril 1904, le conseil municipal de Valence examinait un volumineux dossier relatif à la construction de cette ligne ; un seul obstacle majeur paraissait s'opposer à l'ouverture : la circulation ferroviaire très chargée sur l'avenue de Chabeuil, où circulaient déjà dix trains depuis 1891 (Valence-Chabeuil). Six trains journaliers étant prévus sur Crest, il faut bien reconnaître, malgré une circulation routière insignifiante, que l'avenue de Chabeuil risquait d'être saturée. C'est pourquoi le conseil municipal, très prudent, avait prévu une déviation entre le Séminaire et le faubourg Saint-Jacques, par l'avenue de Romans.

Finalement, les deux lignes restaient communes jusqu'aux Martins, où elles se séparaient pour desservir Chabeuil et Crest.

Ce même jour, le conseil municipal de Valence décidait "l'utilité publique".

Le projet d'exécution fut présenté le 12 décembre 1904 par la Compagnie des Chemins de Fer Départementaux, et approuvé le 10 février 1905.

Après une sérieuse reconnaissance de la ligne, le 2 novembre 1906, son couverture a eu lieu trois jours après.

A noter qu'il y eut, entre temps (en 1901) un projet de raccordement entre les gares de Montmeyran et Chabeuil, mais ce projet devait rester dans l'ombre, malgré les perspectives séduisantes d'une liaison directe Chabeuil-Crest.

Le premier arrêt avait lieu à la bifurcation des Martins, puis le "tacot" desservait Malissard, Beaumont lès Valence, Monteléger, Montmeyran, Upie, Vaunavey-La Rochette et cinq arrêts facultatifs, où l'on faisait du "train-stop". La S.N.C.F. a d'ailleurs repris cette formule sur certaines lignes.

Sans doute, le trafic voyageurs devait-il être très important, puisque le conseil municipal de Crest avait demandé, dans sa réunion du 21 juin 1908, la création d'un train supplémentaire. Satisfaction a été donnée à cette requête.

Les ateliers de réparation et le dépôt principal se trouvait à Valence (La Cécile) où existent encore les bâtiments. Mais pour être plus à l'aise, les responsables ont présenté, le 3 octobre ….. une demande d'agrandissement justifiée par l'important trafic de la ligne Valence-Crest.

A Crest existait un deuxième dépôt, dans lequel deux machines stationnaient.

Trois réservoirs d'eau de 7,45 m3 - car nous étions à l'ère de la vapeur - permettaient aux mécaniciens de faire le plein du tander à Beaumont lès Valence, Upie et Crest.

Le matériel comprenait deux locomotive de 23 T., N° 23 et 24, et deux de 18 T., N° 25 et 26.

Il y avait trois voitures mixtes 1er et 2e classes et dix de 2e classe, deux fourgons, dix wagons couverts et quinze wagons tombereaux.

Un étrange véhicule digne de la plus fabuleuse fiction qui, en 1899, fut inauguré sur la ligne de Crest et qui eut une station à l'entrée du Faubourg. On l'appelait Train Scotte. C'etait une sorte d'autobus à deux étages transportant six personnes à l'intérieur et trois sur l'impériale ! Pour véhiculer ces neuf passagers et deux conducteurs à la vitesse de quinze kilomètres à l'heure, on brûlait 5 kilos de coke au kilomètre !

L'ingénieur des Ponts et Chaussées de l'époque constate que le Train Scotte est capable de "changer de direction aisément, et qu'il n'effraie pas les attelages".

Malheureusement ; il défonce en quelques semaines la chaussée de Crest et s'arrêtera après un bref délai.


Quelques incidents sur cette ligne

Le 6 novembre 1906, le train N° 6 n'a pu franchir la gare de Montmeyran par suite d'un affaissement de la voie qui s'est produit à 50 mètres du bâtiment voyageurs… Grâce à la vigilance du chef de gare, le train a été arrêté et il n'y a pas eu d'accident… Cet affaissement provenait de l'existence, sous la gare de Montmeyran, de galeries d'une ancienne exploitation de pierre.

Le 19 novembre de la même année, le train N° 6 tamponna et tua un bœuf.

Le 1er décembre (toujours en 1906), le vent violent a mis en marche un wagon vide station en gare de Malissard…. Pas d'accident, mais dès ce jour, la Compagnie a fait remettre au chef de gare une chaîne et un cadenas dont il conservera la clé afin d'enchaîner les wagons en stationnement à sa gare…

Fermée au service marchandises le 1er juillet et au service voyageurs le 1er octobre 1934, la ligne Valence-Crest a, comme toutes les autres voies métriques, été victime du progrès, un progrès bien vorace, qui avale gloutonnement tout ce qui était un peu le folklore régional. Il était pourtant noble et agréable ce "teuf-teuf" sillonnant la riche vallée, avec son sifflet strident qui effrayait les oiseaux et les troupeaux, mais qui était si familier aux riverains de la rive ferrée !