LE TRAMWAY DE LA DRÔME

Entete gauche Entete droite

TÉMOIGNAGE DE Mme Eva ALLARD


J'ai pris le tram appelé "tacot" à l'age de 3 ans pendant deux ans, régulièrement, pour me rendre le dimanche de Romans, où j'habitais avec ma mère, à St Jean en Royans où vovaient mes tantes. Ensuite à l'age de 10 ans, je le prenais souvent seule, en sens inverse, lorsque j'habitais Oriol en Royans et que je me rendais "en ville" chez mon oncle de Romans pour les fêtes foraines.


Nous prenions notre billet en carton que le contrôleur poinçonnait avec sa pince mais, lorsque j'avais 5 ans, je voyageais gratuitement. Le contrôleur fermait les yeux peut-être parce que ma mère était veuve de guerre et puis j'étais si minuscule que je pouvais passer pour une enfant de 3 ans au tarif réduit.


L'hiver, dans les compartiments, se trouvaient au sol, de trés longues bouillottes de métal remplis avec de l'eau de la chaudière de la locomotive, c'était l'unique moyen de chauffage. Parfois, le personnel n'avait pas le temps de garnir les bouillottes et nous gardions les pieds froids. Il y avait deux employés, le chauffeur et le mécanicien. Le charbon était stocké dans un wagon spécial.


Il y avait un wagon de première classe avec des fauteuils garnis de repose-tête en dentelle souvent ternie. Les fauteuils étaient orientés dans le sens de la marche tandis que les banquettes de bois des wagons de seconde classe étaient latérales et en vis-à-vis. Les filets contenaient les emplettes faites à Romans ou les denrées à vendre car ma mère allait vendre ses tomes de chèvres le vendredi au marché du vendredi.


A St Jean, Monsieur FORMAT, l'épicier, était "commissionnaire", c'est à dire que les gens lui commandaient des marchandises. Il les ramenait par le "tacot" dans le wagon qu'il avait louer. Ma mère lui avait commandé du grillage.


A l'Ecancière, le "tacot" s'arrêtait pour s'approvisionner en eau au grand bassin réservoir de la Bourne puis, nous attendions que les chauffeurs se soient désaltérés au café. Il ne fallait pas être pressé !!! Je crois que nous mettions deux heures (2h40 sur les horaires de tram et 1h40 en bus. NDLR) pour faire St Jean - Romans en raison des nombreux arrêts dans chaque village. L'été, les arrêts au café étaient encore plus fréquents et il fallait encore réélancer la locomotive après chaque arrêt et puis, dans les montées, la machine ralentissait beaucoup. Mon mari, enfant, habitait à St Thomas et avait la possibilité de s'accrocher facilement au "tacot" en montée pour se faire transporter à St Jean.


Je pense qu'il y avait trois services par jour dans les deux sens, le matin, à midi et le soir.


Dans le tunnel construit après le Pont Neuf de Romans (coté Bourg de Péage. NDLR), si nous négligions de remonter les glaces, nous étions couverts de poussière noire.


Lorsque j'ai eu 16 ans (donc en 1929.NDLR), le car a supplanté le "tacot de Romans au Royans et j'ai toujours pensé qu'on avait réalisé de gros investissement pour une courte durée.

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